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Un mentor peut-il se mettre en danger?

Auteur : Jean-Pierre Soucy, mentor de la cellule Louis-Hébert, SAGE Mentorat d'affaires

Et bien la réponse à cette question est oui. Ce n’est pas seulement l’apanage des nouveaux mentors.

À priori, un mentor a été dans sa carrière précédente soit un entrepreneur, soit un propriétaire d’entreprise, soit un gestionnaire de haut niveau. Or, ces personnes ont en commun une prédisposition naturelle à l’enthousiasme et à l’autodétermination. C’est justement cet enthousiasme qu’il faut apprendre à contenir pour ne pas franchir la ligne qui nous distingue des rôles d’aviseurs-conseils.

Ainsi, je me suis laissé prendre au jeu des quasi attentes signifiées à l’égard d’un mentoré simplement pour m’assurer qu’il demeure en action et qu’il réalise les objectifs qu’il s’était fixé au terme de nos rencontres mensuelles. Ce faisant, j’ai fini par sentir que j’exerçais une pression indue sur mon mentoré, même si ce dernier ne le percevait pas nécessairement. Ce sont les échanges entre mentors qui m’ont fait prendre conscience de cette tangente.

Heureusement, grâce aux rencontres mensuelles de notre cellule, nous pouvons exprimer librement nos questionnements, voire nos appréhensions en regard de nos suivis individuels avec les mentorés. Ainsi, si un mentor pense qu’il est allé trop loin, à cause d’un élan d’enthousiasme, dans ses mots d’encouragement visant à pousser le mentoré dans ou vers l’action, il pourra soit se rassurer d’une part, ou bien prendre avis, séance tenante, ou des correctifs ou ajustements à faire pour garantir que nous n’avons pas franchi les limites de notre rôle de mentor. Il faudra rapidement par la suite effectuer un suivi auprès du mentoré pour prendre des nouvelles et réajuster le tir, s’il y a lieu.

Un deuxième danger nous guette également. Il s’agit d’omettre une information, involontairement, et ce, malgré la rigueur de la démarche d’analyse qui a été développée. Ladite information, comme par exemple un financement de type love-money, peut induire une dérive dans l’analyse qui conduira soit dans un cul-de-sac argumentaire, voit vers une orientation erronée.

C’est ainsi que lors de discussions fort animées avec les mentors de ma cellule, j’ai sous-estimé une information relative au financement accordé par un conjoint dans une entreprise où ce dernier détenait 51 % des parts. C’est un détail d’une importance capitale à deux points de vue. D’une part, même s’il s’agit supposément d’un partenaire silencieux, il faut bien avouer que ce silence n’existe effectivement pas entre deux conjoints, surtout à la fin du mois lorsqu’il faut renflouer à 51 % la marge de crédit par exemple. D’autre part, le fait de détenir la majorité des parts indique également que le partenaire financier, dit silencieux, s’est gardé un privilège d’agir de façon unilatérale en cas de situation de perte de confiance en la survie de l’entreprise.

Voilà pourquoi, il faut s’engager à faire tout notre possible pour assister à nos rencontres mensuelles, et surtout, à ne pas hésiter à soumettre des cas qui feront évoluer et grandir les mentors.