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Merci COVID! Ou le bonheur est dans le café

Martin Larocque et Marie-Pierre Beauséjour ont trouvé le nom de leur café lors d'un remue-méninge bien arrosé. Après avoir sorti tous les noms imaginables, ils ont cherché du côté de la littérature. Martin Larocque est un grand fan de Michel Rivard et le nom Maudit bonheur s'est imposé de lui-même. Martin a même contacté l'artiste en question qui a bien sûr dit oui pour l'utilisation du titre de sa chanson comme nom du café.

Parmi les nombreuses histoires entrepreneuriales que rencontre Réseau Mentorat, celle-ci nous a particulièrement inspirée et réjouit.

Nous vous proposons de suivre les aventures de ce couple d’entrepreneurs qui se lancent en affaires après 35 ans, dans le domaine de la restauration, et ce, malgré la situation causée par le coronavirus. Premier texte d’une série entrepreneuriale.

Alors que les équipements de protection sanitaire et le gel désinfectant font maintenant partie du quotidien, ouvrir un café en période de pandémie peut sembler une aventure casse-cou. Et pourtant! C’est le pari que lance le couple d’entrepreneurs, Martin Larocque et Marie-Pierre Beauséjour qui mettent la dernière touche à leur bébé : le café Maudit Bonheur, situé sur la rue Bélanger, à Montréal. 

«On avait prévu d’ouvrir à la fin mars, mais le confinement est arrivé. On s’est dit que cela allait nous permettre de choisir la bonne couleur de peinture. On a eu trois mois pour s’obstiner sur les teintes de gris», lance Marie-Pierre en riant.

Le retard causé par la COVID a tout de même eu quelques bons côtés. Elle affirme que les commerçants du coin ont pris le temps de venir leur offrir des trucs et conseils profesionnels sur les exigences du Ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Martin suit aujourd’hui les cours obligatoires afin d’être bien en règle.

Bien que les cafés et restaurants de Montréal ont le feu vert pour ouvrir dès le 22 juin, les entrepreneurs hésitent à fixer une date, d’autant plus qu’ils sont toujours en attente de leur machine espresso.

Marie-Pierre réalise enfin son rêve entrepreneurial, «le café, ça fait voyager et c’est la première chose que je bois le matin», explique-t-elle. Cela faisait un certain temps que le couple entretenait ce projet commun et cherchait un lieu rassembleur. C’est par un heureux mélange de circonstances que les deux entrepreneurs ont décidé de se lancer, après avoir repris un charmant petit local laissé vacant par des amis.

Situés dans la tranche d’âge entre 40 et 50 ans, le couple d'entrepreneurs peuvent s’appuyer sur leur bagage professionnel et leur riche parcours ; en tant qu’acteur, conférencier et éditeur pour Martin, et une fructueuse carrière en tourisme pour Marie-Pierre, avec un épisode entrepreneurial lorsqu’elle a ouvert une clinique en massothérapie. Les deux sont toutefois unanimes : cette aventure n’a rien à voir avec leurs anciennes expériences.

À contre-courant

Covid oblige, les futurs baristas ont du adapter leur projet pour respecter les règles sanitaires, comme intégrer des stations de nettoyage et tenir un présentoir de leurs produits à l’extérieur. «Au début, on avait peur avec les plexiglas, les gants et les masques. Après, on suit la vague et il faudra nommer la distanciation pour la faire respecter dans notre lieu, puisqu’ici les gens ont hâte de nous connaitre, mais ils sont respectueux, ils font la file», explique Marie-Pierre, qui observe un véritable vent de solidarité issu de cette situation.

Le couple avoue tout de même rencontrer plusieurs obstacles sur leur chemin, mais rien qui n’ébranle leur motivation, ni leur bonne humeur,  «Marie et moi on improvise. On n’a aucune idée où on s’en va, mais on a du fun. Ce qui ne veut pas dire que c’est facile. On est comme un jeune couple d’ados qui tripent, faut pas s’arrêter ici. Carpe diem, et si ça ne marche pas, on aura une bonne réserve de confiture et une excellente machine espresso», blague Martin Larocque.  

Parmi le «café, les produits d’ici et autres plaisirs minuscules», les entrepreneurs ont créé un lieu à leur image, à mi-chemin entre les souvenirs, le confort et un home feeling qu’on sent audacieux. Quelque chose de bien rond, bien doux et bien chaud, qui peut sembler naviguer à contre-courant de l’éloge de la performance qu’on retrouve souvent dans le domaine entrepreneurial. Or, Martin et Marie-Pierre sont bien au fait de leur marge de profit, leurs stratégies d’affaires sont bien établies et ils ont minutieusement observé leur clientèle avant de se lancer en affaires.

Néanmoins, ce qui a fait toute la différence, la carte cachée de leur jeu reste sans contredit, leur entourage. «Sans notre réseau de contacts, les gens autour de nous, on ne l’aurait pas fait. On serait encore dans notre salon», avoue Marie-Pierre.

Un geste d’amour

«Notre café, on l’a créé avec du love money, nous sommes allées voir des gens que l’on connaissait pour se bâtir un fonds pour notre budget et nous sommes partis avec ça», explique Martin. Les deux entrepreneurs sont entourés d’anciens collègues et de collègues actuels mis à pied en raison du confinement et même de certains fournisseurs, qui sont venus mettre la main à la pâte. «Ce sont des petits gestes, humains, qui font une grande différence», affirme Martin.

«C’est un projet rassembleur, nos amis qui viennent nous voir ne décollent plus, ils veulent rester», se réjouit le couple.

Pandémie ou non, les futurs commerçants ont déjà des projets d’expansion. «Le local de l’ancienne épicerie près de notre chalet est vide» confient-ils les yeux brillants.

À suivre…

Lysane Sénécal Mastropaolo