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Cet échec qui fait du bien

Cet échec qui fait du bien

L’échec est-il un gage de réussite en affaires? De nombreuses vedettes du monde des affaires l’affirment sans gêne.

On ne peut pas tout réussir dans la vie et, oui, les échecs nous rendent plus forts. Mais, en affaires, ça fait mal. Très mal. Malgré tout, les vrais entrepreneur(e)s pansent leurs plaies et repartent de plus belle. Car une ou un entrepreneur ne lâche jamais.

Même si on préfère célébrer le succès, l’échec fait partie de l’expérience des affaires. En voici quelques-uns qui ont marqué les esprits :

  • Steve Jobs s’est lamentablement planté avec le Newton, précurseur du iPhone, et les ordinateurs NeXT. Apple était pratiquement en faillite avant de devenir la plus grande société au monde, grâce aux iMac et iPhone.
  • Thomas Edison a testé 1000 concepts d’ampoules électriques avant d’arriver à ses fins. Enfant, ses professeurs l’ont qualifié de « trop stupide pour apprendre quoi que ce soit ». Pourtant, il a produit plus de 1000 brevets, dont celui du phonographe.
  • La première entreprise de Henry Ford l’a ruiné avant qu’il ne révolutionne la fabrication automobile, grâce à la première chaîne de production industrielle.
  • Toyota a refusé un poste d’ingénieur à Soichiro Honda, qui fut longtemps en chômage avant de fabriquer des motos dans son garage, encouragé par ses voisins.
  • Walt Disney s’est fait congédier du Kansas City Star pour « manque de créativité ». Il a ensuite créé plusieurs PME, qui l’ont ruiné, avant de connaître la gloire avec le premier film d’animation parlant, Steamboat Willie, en 1927.
  • Bill Gates, qui vient de décrocher de l’université, et Paul Allen lancent une première société qui fait patate. Ils se sont repris avec une certaine Microsoft…
  • Akio Morita vend moins de 200 autocuiseurs avant de lancer Sony.
  • Macy a fait faillite sept fois avant de lancer son empire.
  • Harland David Sanders s’est fait dire non plus d’un millier de fois partout aux États-Unis avant de démarrer modestement son Poulet frit à la Kentucky dans un petit bled de l’Utah.
  • Orville et Wilbur Wright ont fait voler le premier avion… après avoir détruit une succession interminable de prototypes.
  • Oprah Winfrey s’est fait congédier de son premier emploi d’animatrice à Baltimore où elle se faisait harceler. Son entreprise vaut aujourd’hui plus de deux milliards.
  • James Dyson a produit 5126 prototypes avant de connaître la gloire avec le premier aspirateur sans sac de l’histoire.
  • Isaac Newton a frappé un mur à la tête de la ferme familiale avant de retourner aux études et de révolutionner les physiques et les math.
  • Richard Branson a vécu des défaites cuisantes dans l’automobile, les colas et les vêtements… après avoir pourtant connu la gloire avec Virgin.

 

Au Québec

La liste des échecs retentissants qu’ont connus les gens d’affaires québécois s’étirerait sur des milliers de pages. Mais certains sont plus inspirants que d’autres. Prenez Bombardier :  le fondateur, Joseph-Armand, a multiplié les prototypes avant de connaître un succès éclatant dans les années 1930 avec son autoneige B7. Ses successeurs, 80 ans plus tard, ont failli mener l’empire à la faillite dans l’aventure de la CSeries, avant de connaître le revirement que l’on sait.

  • Luc Maurice a fait deux faillites (personnelle et commerciale) dans les années 1990 avant de se relancer avec le Groupe Maurice, un géant des maisons de retraite.
  • Guy Latraverse a littéralement créé l’industrie québécoise du show-business. Non sans avoir connu la faillite à plusieurs reprises et une tentative de suicide, peu après le spectacle mémorable de Diane Dufresne au stade olympique.
  • Pierre Péladeau a englouti des millions dans le Montreal Daily News et, surtout, le Philadelphia Journal, qui feront long feu. Du Philadelphia Journal, il dira que ce fut le MBA le plus cher de l’histoire américaine, avec des pertes de 14 M$US.

De retour d’un voyage en Argentine, Simon De Baene repart à zéro avec un produit vedette, Sharegate, dont la R et D s’était emballée dans la mauvaise direction, après un an d’essai qui a englouti un million. Par la suite, le succès fut éclatant pour GSOFT; aujourd’hui, Sharegate est utilisé par plus de 10 000 organisations.

Fraîchement diplômé universitaire, Nicolas Duvernois ouvre un resto-bar avec trois de ses amis. C’est une catastrophe après seulement trois mois d’opération. Il lance ensuite PUR Vodka en étant concierge à l’hôpital Sainte-Justine puis représentant en fournitures de bureau. Toutes les banques et la SAQ lui disent non. Son produit, dont il n’avait jamais vendu une seule bouteille, est pourtant sacré meilleure vodka au monde…

Ce dernier s’est ouvertement demandé, après la déconfiture de son resto-bar, si le monde des affaires était fait pour lui. Il le dit sans ambages : « L’échec est une expérience tout simplement atroce. » Mais, avec le recul, il considère qu’il en est ressorti gagnant, même si ça lui a pris plusieurs années pour en tirer les leçons. L’échec ne doit pas définir un destin, mais représenter une expérience formatrice entre toutes, insiste-t-il.

Chacun son échec

Il existe toutes sortes d’échecs en affaires. Certains mènent à la mort de l’entreprise. D’autres menacent potentiellement sa survie, ses liquidités, sa croissance. Plusieurs semblent bénins. Mais tous permettent de mesurer les limites de l’entrepreneur ou de son entreprise. Et à devenir meilleur. Toutes les entreprises sont la somme de leurs succès et échecs. Mais ces derniers sont plus nombreux!

En conclusion, à force de lire les témoignages d’entrepreneurs qui ont connu l’échec, on retient les postulats suivants :

  • Il ne faut jamais, jamais lâcher. Même si ça fait mal.
  • On ne doit jamais avoir peur de l’échec, de l’inconfort, de l’inconnu.
  • On doit avoir le courage de reconnaître et d’accepter qu’un projet ne marchera pas, peu importe l’investissement émotif et financier.
  • L’expérience est la somme de nos bêtises.
  • Certains échecs sont durs à prendre parce qu’ils ne sont pas de notre faute : un ralentissement de l’économie, une hausse des taux d’intérêt, l’évolution imprévue du marché, la perte d’un client stratégique, un concurrent qui transforme l’industrie…
  • On se concentre sur nos forces et on délègue à des personnes de talent les fonctions que l’on maîtrise mal, même si c’est le poste de PDG!
  • On prend soin de ses proches : conjoints, enfants, collaborateurs clés.
  • On prend du temps pour soi chaque semaine, pour réfléchir et faire bouger son corps.
  • Même si on est persuadé d’occuper une niche, un marché vierge ou mal desservi, on développe un produit ou un service facile à comprendre pour tout le monde : client, banquier, employés, investisseurs.
  • Chaque échec ne mène pas nécessairement à un apprentissage, mais il fait partie de la vie!
  • On demeure intègre avec soi-même et les autres.
  • On se questionne constamment sur ses propres limites et sur l’efficacité de son entreprise. Et, oui, on fait appel à un mentor.

L’auteur de ces lignes a récemment fermé son entreprise, Pamplemousse.ca, après avoir cherché à atteindre la profitabilité pendant cinq ans, en vain. Il ne s’en porte pas plus mal aujourd’hui.

Une collaboration de Stéphane Desjardins.