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J'écosystème,

Tu écosystèmes,

Il écosystème...

Écosystème. C’était le mot-surprise et peut-être le terme le plus révélateur du livre que j’ai publié en 2012 sur l’entrepreneuriat au Québec. Il me semblait que tous ceux que j’avais interviewés m’avaient parlé de leur écosystème, au point où je me suis demandé si j’étais plutôt en train d’écrire un livre sur l’environnement.

Ce que tous ces gens voulaient me dire était fort simple : de nombreuses organisations et institutions peuvent venir en aide à l’entrepreneur québécois.

 

De multiples sources de soutien

Ottawa, Québec, les municipalités et les MRC ont leurs propres programmes d’aide et soutiennent des ministères, des institutions, des réseaux et des organisations qui appuient l’entrepreneuriat.

D’autres organisations, par exemple la Fondation de l’entrepreneurship, la Fondation Montréal inc. et Adopte inc., sont nées d’une initiative personnelle. Les universités et les cégeps sont aussi actifs dans ce domaine avec leurs zones entrepreneuriales, leurs instituts, leurs accélérateurs et leurs incubateurs. Le tout crée une offre de services complète pour permettre à l’entrepreneur de réussir.

Il y a des écosystèmes entrepreneuriaux dans toutes les grandes villes du monde. Je lisais récemment une étude de la Fondation Kauffman qui recensait 200 organismes à but non lucratif faisant partie de l’écosystème de Kansas City, au Missouri. Je suis sûr que celui du Québec et de ses principales villes est encore plus fourni.

 

Un appui vital

Certaines personnes peuvent toutefois se demander s’il n’y aurait pas trop d’organismes dans notre écosystème entrepreneurial. La question se pose d’autant plus que le taux de création d’entreprises n’est pas à la hauteur quand nous nous comparons à la plupart des autres provinces et États en Amérique du Nord.

Bref, sommes-nous meilleurs en création d’organismes qu’en création d’entreprises?? Il y a quelques années, j’aurais été tenté de répondre oui à cette question. Mon point de vue s’est considérablement nuancé depuis que j’ai pris la direction de la Fondation
de l’entrepreneurship.

La création d’entreprises est affectée par trois facteurs principaux : la croissance économique, la croissance démographique et la culture entrepreneuriale. Sur ce dernier point, la société québécoise a fait un bond prodigieux ces dernières années et l’entrepreneuriat a vraiment la cote depuis quelque temps. De plus en plus de gens veulent devenir propriétaires de leur entreprise et les jeunes Québécois ont fait du métier d’entrepreneur leur choix de carrière absolu. C’est tout à fait remarquable.

 

La réussite se nourrit

Il demeure que les facteurs économiques et démographiques rendent ce choix difficile. Une faible croissance économique et démographique crée moins d’occasions d’affaires. Le vieillissement de la population fait aussi en sorte que les personnes talentueuses sont souvent happées par les entreprises existantes qui en ont besoin pour leur croissance.

Le Québec a le devoir d’offrir de l’argent, des services et des conseils pour encourager ceux qui décident, contre vents et marées, de se lancer en affaires. Le développement économique et la capacité d’innover du Québec en dépendent.

Il faut non seulement créer de nouvelles entreprises mais aussi augmenter les chances de survie de celles qui existent déjà, accompagner la croissance de celles qui ont un potentiel prometteur et aider les entrepreneurs au moment du transfert de propriété.

 

Une partition à plusieurs joueurs

Ma pratique active au sein de l’écosystème entrepreneurial m’a aussi fait prendre conscience du fait que chaque joueur a un rôle précis. Le gouvernement québécois détermine les grandes orientations et appuie une panoplie d’initiatives et d’organismes. Ottawa soutient le financement de plusieurs organismes et a créé des structures nationales (par exemple la Banque de développement du Canada) et provinciales (notamment le réseau des sociétés d’aide au développement des collectivitiés et des centres d’aide aux entreprises [SADC-CAE]). À la suite d’un transfert considérable de pouvoirs, en 2016, les villes ont pris à cœur l’entrepreneuriat dans leur communauté.

À la Fondation de l’entrepreneurship, nous organisons et structurons un réseau de mentorat pour entrepreneurs. Par ailleurs, Futurpreneur accorde des prêts à de nouvelles entreprises?; la Fondation Montréal inc. offre des bourses et des services-conseils à de jeunes entrepreneurs particulièrement futés. De son côté, Anges Québec réunit des investisseurs individuels autour de sociétés prometteuses qui ont besoin de capital-actions. Le Défi OSEntreprendre organise un grand concours qui promeut l’entrepreneuriat dès l’école primaire. HEC Montréal n’est pas en reste et abrite l’Institut d’entrepreneuriat HEC-Banque Nationale, qui est à la fois un accélérateur d’entreprises, un observatoire de recherche et un centre de transfert de connaissances.

Nous avons tous notre partition à jouer dans un immense orchestre. Nos bailleurs de fonds publics et privés s’assurent que chaque organisme ait sa spécialité et les doublons se font rares. Cela fait toute la force de notre écosystème.

 

Que le meilleur gagne?!

Certes, il y a encore quelques redondances, et de nombreux incubateurs, accélérateurs et espaces de cotravail coexistent. Les défenseurs de l’économie de marché ne devraient voir là qu’une saine concurrence entre des acteurs qui cherchent les meilleurs projets et les entrepreneurs au plus fort potentiel.

Chaque organisme est de facto une organisation commerciale qui doit répondre à un besoin, attirer une clientèle et faire ses frais. Quand ce n’est pas le cas, ces organismes subissent le même sort que n’importe quelle entreprise dans la même situation.
Ceux qui aident les propriétaires d’entreprise doivent quand même connaître les bases essentielles du capitalisme.

 

Cet article de Pierre Duhamel, directeur général de la Fondation de l'entrepreneurship, est une gracieuseté de la Revue Gestion.