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Un nombre d’entreprises en baisse au Québec… mais ensuite?

Entreprises en baisse au Québec

La Ville de Montréal publiait récemment un rapport sur le nombre d’entreprises en baisse au Québec depuis les dernières années. Ainsi, selon les données analysées par la ville et issues de Statistiques Canada, le Québec, qui comptait 23 % de toutes les entreprises privées au Canada en 2001, n'en avait plus qu'une proportion de 19 % en 2015.

Ces données font écho à l’Indice entrepreneurial québécois 2017 publié par la Fondation de l’entrepreneurship qui relatait notamment la stagnation du taux de propriétaires en neuf ans de mesures (7,2 % en 2009 et 6,9 % en 2017), comparativement à la fulgurante progression du taux d’intentions d’entreprendre des Québécois (de 7 % à 21 % pour la même période) et même des démarches (de 2,8 % à 9,4 %).

Pourquoi cette stagnation?

D’abord, la nature même des étapes des intentions et des démarches. Dans le cas des intentions, il s’agit d’un cycle qui peut à la fois être long et incertain (avoir l’intention « un jour » de se lancer en affaires). Ensuite, il faut ajouter à cela le temps nécessaire pour acquérir les ressources afin de se lancer. Ces démarches peuvent être de différentes natures (acquisition d’expérience, d’éducation, d’argent, de contacts, d’une idée d’affaires, etc.), et peuvent donc prendre du temps. Et cela est encore plus vrai chez les jeunes (qui vont souvent terminer leurs études avant de démarrer leur entreprise).

Ensuite, plus que jamais, la robustesse du marché du travail s’avère un sérieux compétiteur à l’entrepreneuriat ! En juillet 2017, le Québec a enregistré son taux de chômage le plus bas en 40 ans. Cette amélioration de la situation économique a pour effet de détourner une partie des individus, qui auraient pu devenir entrepreneurs, vers des emplois particulièrement intéressants et bien rémunérés.

Pensons ensuite à toute une génération d’entrepreneurs qui prennent actuellement leur retraite et qui fermeront tout simplement leur entreprise. Le cycle est naturel, mais il peut également laisser des traces sur le taux de propriétaires…

À cet égard, il faut aussi jeter un regard sur le taux de sortie des entreprises (leur fermeture) ainsi que celui des entrées. Ainsi, selon Statistiques Canada, le nombre d’entreprises nouvellement créées en 2015 était de 22 480 alors que le nombre d’entreprises sortantes était de 22 380. Il s’agit donc d’une égalité des taux… Ainsi, à lui seul, le « simple » renouvellement du bassin d’entreprises exige donc encore plus d’efforts!

D’autres pistes d’explication

Ensuite, mentionnons que nous assistons de plus en plus à un phénomène de concentration de la propriété. Autrement dit, pour un même nombre d’entreprises, nous avons moins d’entrepreneurs qui les détiennent.

Enfin, à l’instar de l’économie, l’entrepreneuriat se globalise lui aussi. Les entrepreneurs sont de plus en plus mobiles. En effet, les startups innovantes sont de plus en plus courtisées par différents pays où les structures d’accueil sont favorables aux entrepreneurs audacieux et aux modèles d’affaires disruptifs. Ajoutons à cela que les technologies favorisent aussi la dématérialisation des entreprises, renforçant d’autant plus la mobilité des entrepreneurs.

Le Québec voit donc son dynamisme entrepreneurial augmenter si l’on considère la croissance fulgurante des individus qui ont l’intention de créer ou de reprendre une entreprise, et même de ceux qui font des démarches. Cependant, plusieurs phénomènes font en sorte que le taux de propriétaires ne peut suivre cette même trajectoire.

Des solutions?

Pour expliquer la chute du nombre d’entreprises, les chercheurs et le milieu des affaires n’hésitent pas à parler de liens avec le niveau de taxation élevé au Québec, la forte réglementation, le taux de syndicalisation et même le vieillissement plus rapide de la population au Québec.

Bien que nous puissions peut-être agir en tant que société sur certains de ces leviers, ce nombre d’entreprises (et dans l’Indice, le nombre de propriétaires) ne se « NOURRIT » que d’une façon : en continuant à stimuler notre culture entrepreneuriale. À cet égard, le Québec a fait des bonds remarquables (une chance!), mais il doit continuer à faire de grands efforts.

Et enfin, ce même nombre se « CONSERVE » en nous assurant que les entrepreneurs aient tous les outils et tout l’accompagnement nécessaire pour franchir les caps difficiles dans leur entreprise et, aussi, les beaux défis qu’amène leur croissance.

 

Auteure: Rina Marchand, directrice principale, Contenus et innovation, Fondation de l'entrepreneurship.