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Jean-Marc Léger lève le voile sur le Code Québec des entrepreneurs

Jean-Marc Léger Léger Marketing

En septembre 2016, le président de Léger Jean-Marc Léger, le professeur émérite à HEC Montréal Jacques Nantel et le directeur général de la Fondation de l'entrepreneurship Pierre Duhamel publiaient « Le Code Québec », un portrait réel de la personnalité québécoise en se basant sur des données scientifiques. Quelque 60 000 copies du livre se sont vendues et l'ouvrage a également été édité en anglais. Mais ce code Québec, qui fait ressortir sept traits typiques à la société québécoise, peut-il s'appliquer à l'entrepreneuriat? C'est ce que nous avons voulu voir avec Jean-Marc Léger.

Avant « Le Code Québec », le dernier ouvrage à dresser un portrait des Québécois datait de 1978, lorsque le fondateur de BCP Jacques Bouchard publiait « Les 36 cordes sensibles des Québécois ». Depuis, plusieurs personnes, dont Jacques Bouchard lui-même, mais aussi Yves Gougoux ont voulu tenter l'expérience, sans succès. Puis sont arrivés Jacques Nantel et Pierre Duhamel. Il a fallu trois ans au trio pour réaliser leur projet faisant au passage une vingtaine de découvertes. « Le Québec est moins différent qu'on le pense, mais plus que les perceptions du reste du Canada, note Jean-Marc Léger. Chaque chapitre nous fait découvrir des choses extraordinaires et particulièrement la joie de vivre québécoise. » Nous avons fait l'exercice avec le fondateur de Léger en appliquant les sept traits qui nous définissent à l'entrepreneurship.

1. Heureux

Cela se traduit par trois éléments. Nous sommes heureux, car le Québec est l'une des sociétés les plus égalitaires de la planète. La majorité des Québécois ne se jalouse pas. Le Québec se retrouve parmi les leaders en matière de bonheur, derrière le Danemark, la Norvège et la Suède. Ensuite, il existe au Québec une proximité villageoise, le Québec comptant plus de petits villages que l'Ontario, ce qui donne un sentiment de proximité. Enfin, nous vivons dans le ici et le maintenant. « Être heureux peut être bon ou mauvais, dit Jean-Marc Léger. Les Québécois s'avèrent fondamentalement optimistes. Ils créent beaucoup, mais se lassent rapidement, comme quand on jouit, c'est intense, mais ça ne dure pas longtemps. » Résultat : les Québécois créent des entreprises, mais les vendent rapidement.

2. Consensuel 

Ce trait est très important pour le monde d’entrepreneuriat, car, comme le dit Éric Fournier, associé chez Moment Factory, nous créons des succès mondiaux parce que nous fonctionnons, en entreprises, sans hiérarchie. « On veut éviter la chicane, donc on crée dans la participation, avance Jean-Marc Léger. Des entreprises comme Desjardins ou Rona viennent du terroir, ce sont des entreprises qui ont émergé de la base, comme BMR, Le Fonds de solidarité FTQ, Agropur ou encore Jean Coutu. »

3. Détaché 

C'est un trait de caractère important aux yeux du spécialiste des sondages. Les Québécois sont moins impliqués, donc moins entreprenants en affaires. « Ils ne s'impliquent pas, ne critiquent pas, mais votent avec leurs pieds, dit-il. S'ils ne sont pas contents d'un magasin, ils n'y retournent pas. » Les Canadiens anglais, eux, écrivent des lettres de protestations aux commerces dont ils n'aiment pas un produit ou un service, n'ayant pas peur de critiquer.

4. Victime

Les entrepreneurs d'ici, comme les Québécois, ont peur d'être responsables. Pour l'historien Éric Bédard, cité dans « Le Code Québec », les Québécois se sentent victimes parce qu'ils n'ont jamais été responsables de leur destin du Régime français et la domination des Anglais et du clergé. « On voit un écart entre l'intention et l'action, la réalisation, avance Jean-Marc Léger. Les hommes et les femmes qui veulent se lancer en affaires prennent plus leur temps, ils ont l'impression qu'ils vont se faire avoir, ils ont peut de se faire voler. » En France, faire faillite demeure une catastrophe, illustre-t-il. Aux États-Unis, la faillite est vue comme un apprentissage. Évidemment, les choses changent et on commence à célébrer l'échec au Québec. « En affaires, soit tu gagnes, soit tu apprends », lance Jean-Marc Léger.

5. Villageois

Il existe sept Québec, sept visages, sept tribus auxquels il faut s'adresser distinctement. On en voit la preuve dans les produits locaux. Il s'avère important de s'adresser aux territoires et cela demeure vrai pour les entreprises québécoises, mais aussi étrangères. Par exemple, le Québec compte 148 microbrasseries et 3 300 bières ici.

6. Créatif 

Les Québécois sont créatifs parce qu'ils ont dû survivre. Daniel Lamarre, président du Cirque du Soleil, va plus loin, affirmant que notre isolement comme francophones sur un continent anglophone nous oblige à innover. « Pourquoi le Cirque du Soleil, Robert Lepage et les chanteurs québécois qui font carrière à l'étranger réussissent?», demande le président de Léger. Parce qu'ils sont capables de créer et qu'ils ont un plan. Les Français ont de la créativité, mais pas de plan, les Anglais des plans, mais pas de créativité. En matière de créativité, les Québécois possèdent la créativité française, la rigueur britannique, l'optimisme américain et la ténacité nordique. »

7. Fierté

Le Québec est fondamentalement fier. Et l’entrepreneuriat est une tendance qui devient de plus en plus importante auprès des jeunes. Les milléniaux se montrent plus ambitieux, ils aiment l'argent et la réussite financière, mais ils sont aussi ouverts sur le monde.

 

Auteure: Sophie Bernard