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Quelle importance accorder à la durée d’une dyade?

Importance de la durée d'une dyade de mentorat

Le mentorat est comme une histoire entre deux individus. Elle commence par le début, la première rencontre, et se termine par une fin, la décision d’arrêter la relation mentorale. La durée de cette histoire fait parfois débat et si la statistique de la Fondation de l’Entrepreneurship du Québec nous révèle que les dyades ont une durée de vie moyenne de 18 mois, que signifie vraiment cette durée ?

 
La durée d’une dyade, un gage de qualité?

La question de la durée des dyades est au cœur des préoccupations des cellules de mentorat. Au regard de ma propre expérience et d’échanges avec d’autres mentors (le sujet revient souvent dans les discussions entre mentors), la durée d’une dyade ne doit pas être vue sous le seul angle d’un indicateur de la « performance » ou d’efficacité. En effet, le mentorat est avant tout, pour un entrepreneur, la réponse à un besoin donné, dans un contexte particulier et à un moment précis de son parcours.

De fait, si le besoin initial peut rester relativement constant et donner une certaine stabilité à la relation mentorale, la situation de l’entrepreneur mentoré peut dans certains cas évoluer rapidement. Elle se traduit alors par de nouveaux besoins, exprimés ou non par le mentoré, qui ne reflètent plus forcément les engagements partagés avec son mentor lorsqu’ils ont décidé de faire un bout de chemin ensemble.

Ce n’est pas un problème en soi mais cette situation représente souvent un moment charnière pour une dyade. C’est là que la durée de la dyade doit être confrontée à d’autres filtres. Qu’elle soit active depuis 6 mois ou 5 ans ne doit occulter d’autres facteurs fondamentaux dont il faut tenir compte tels :

  • Le besoin pour l’entrepreneur mentoré d’avoir encore recours au mentorat
  • L’évolution de la qualité de la relation mentor/mentoré
  • L’adéquation entre les nouveaux besoins du mentoré et l’expérience du mentor


C’est en passant au crible de ces différents critères que les 2 parties doivent alors se poser la question de la meilleure suite à donner à leur dyade :

  • Poursuivre la dyade en prenant de nouveaux engagements
  • Envisager un changement de mentor pour répondre plus adéquatement aux besoins du mentorés
  • Mettre simplement fin à la dyade et au mentorat

 
Existe-t-il une durée idéale?

A priori, une dyade qui dure doit sûrement être une bonne dyade. Cependant, le mentorat est un engagement bénévole et nous avons, en tant que mentor, le devoir de remplir nos engagements mais aussi d’avoir le recul nécessaire pour prendre les décisions qui s’imposent pour le bien de l’entrepreneur mentoré.

La fin d’une dyade ne signifie pas forcément la fin du besoin de mentorat mais la fin d’une histoire qui peut se poursuivre par une autre. Après quelques mois d’accompagnement,  je pose fréquemment deux questions pour m’assurer de comprendre l’état d’esprit des mentorés que j’accompagne: Trouvez-vous toujours votre compte dans notre relation ? Avez-vous l’envie de poursuivre la dyade ?

Se faire répondre par l’affirmative peut être flatteur. Il faut surtout le voir comme le gage d’une dyade qui a encore du sens et qui peut se poursuivre dans le temps. Une réponse négative ne doit pas être perçue comme une remise en cause mais comme la nécessité d’avoir une discussion ouverte afin d’ajuster la dyade (changer des choses dans la relation, la méthode ou les objectifs, etc.) ou de trouver une alternative. La durée de la dyade n’est à ce stade pas un critère à considérer si on veut objectiver la réponse.

Il serait par exemple facile de mettre fin à la dyade parce qu’elle a duré environ 18 mois (soit dans la moyenne) alors qu’une suite avec un autre mentor serait envisageable.

En conclusion, la durée d’une dyade n’est pas forcément une mesure de qualité et encore moins un critère de décision. Si on peut logiquement penser qu’une dyade qui dure est une bonne dyade, nous avons l’obligation comme mentor de nous assurer régulièrement qu’elle répond aux attentes de l’entrepreneur mentoré. Là est le vrai critère de réussite et notre rôle de mentor n’en sera que plus valorisé.

Auteur: Francis Bélime, mentor du Réseau M